DE L'ESPERANCE

DE L’ESPERANCE

Josef Pieper

Editions Raphaël

Espérer, c’est d’abord refuser de se croire déjà « arrivé » mais surtout se considérer « en marche » vers l’accomplissement : la félicité éternelle avec Dieu. Joseph Pieper définit l’espérance comme une vertu théologale, c’est à dire une ferme orientation vers la vraie réalisation de la nature humaine, possible seulement par la grâce divine. Il oppose à l’espérance ses deux pires ennemis : le désespoir et la présomption. Ces deux formes de non-espoir sont, au sens propre du terme, inhumaines et mortelles. Le désespoir, parce qu’il transforme le « pas encore » de l’espérance en « pas du tout » dans le rapport à l’accomplissement. La présomption, parce qu’elle affirme comme accomplie quelque chose qui ne l’est pas encore. A la racine du désespoir, nous trouvons la tristesse indolente qui pousse l’individu à refuser la position à laquelle Dieu l’a élevé, avec toutes les obligations que cela implique. La présomption, quant à elle, repose sur deux conceptions : premièrement l’homme a la capacité de gagner la vie éternelle et le pardon des péchés par ses propres forces. Deuxièmement, le salut dépend exclusivement de l’oeuvre rédemptrice. Finalement, Pieper considère que l’homme « en chemin » reste dans une insécurité existentielle, celle de la possibilité d’une défection délibérément choisie, qui ne peut être surmontée que par l’espérance. De plus, l’espérance est intimement liée à la crainte de Dieu, la crainte du péché, qui grandit dans la mesure où se réalise l’amitié avec Dieu.